« Belinda s'enfonça dans son fauteuil, ferma les paupières et attendit que la cicatrice fleurisse sur sa joue. »
Toutes les nuits, il pénétrait dans cette pièce et le rituel commençait. Elle fermait les yeux pour ne pas voir son visage changer d'expression. Il commençait toujours pas lui baiser la joue. A ce moment Bélinda s'enfermait dans un autre monde. Il l'embrassait, effleurait son corps avec ses mains et lui susurrait à l'oreille, qu'ils étaient unis par le secret originel, qu'il était fier d'elle.
Bélinda connaissait l'histoire par coeur. Elle ne voulait plus l'entendre.
Elle serrait fort les accoudoirs du fauteuil pour s'évader mais son corps n'avait plus la force de résister à cet homme. Elle se sentait si honteuse.
Pour adoucir cette descente aux enfers, elle rêvait au jour ou peut-être elle retrouverait son enfance, son innocence. Elle n'avait pas voulu la quitter. Elle n'avait rien demandé mais il en avait décidé autrement.
Pendant qu'il assouvissait ses désirs, Bélinda avait mal. Mal car elle ne pouvait pas se battre contre lui. Et puis qui s'intéresserait aux tracas d'une petite fille de neuf ans. Elle était petite que pas la taille et son âge car depuis qu'il lui avait brisé son enfance , elle avait compris bien des chose. Elles n'avait plus de rêves. Ils s'étaient envolés.
L'univers enfantin avait fait place à la terreur, l'horreur et la culpabilité. Bélinda culpabilisait car elle ne trouvait pas la force de dire qu'elle n'aimait pas ces moments magiques comme il disait. Elle redoutait son regard noir, remplit de haine lorsqu'elle voulait parler à sa mère.
Bélinda, avait l'impression de tomber dans un gouffre tellement profond que personne n'entendait pas son appel au secours. Elle se reprochait de ne pas avoir assez de voix pour que quelqu'un l'entende.
Un jour la maîtresse de Bélinda avait dit en classe qu'il fallait être gentil avec les adultes car ils étaient des guides pour les enfants. Il savaient ce que c'était la vie.
Bélinda avait une grande confiance en sa maîtresse. Elle en vint donc à penser que peut-être cet homme avait le droit de poser ses mains sur sa poitrine à peine naissante.
Est-ce que les adultes peuvent profiter de mon innocence pour leur simple plaisir? Quel est le plus important, son désir ou ma mort?
Aujourd'hui j'ai 17 ans. Je ne pourrai jamais oublier son odeur, le bruit rauque de sa respiration sur ma peau.
Par moment je le sens encore dans mon cou. Il m'a fait rentrer dans le monde des grands trop rapidement. Il m'a détruite. Je ne pourrai jamais me reconstruire, réparer ma vie. Quel mot employer pour décrire cette envie d'oublier. Je le sais. Il n'y en a pas.
Je n'effaçai pas cette violence car elle n'est pas que physique. Mon corps va peut-être guérir mais mon esprit sera à jamais marqué, m'interdisant les préoccupations de mon âge.
Je n'ai pas de petit ami. Je ne peux pas . C'est impossible puisse qu'une simple main sur mon épaule me donne des sueurs froides.