I ere partie
Je marche dans la rue, entouré de ces gens, ces gens que je ne comprend pas.
J’erre.
Au coin de la rue, à côté de la boutique de fleurs, je la vois. Il est là aussi. Elle est belle; il fait tâche à côté. Soudain il l’embrasse, mets ses grosses mains sur elle. C’est d’un glauque. Un remake de la Belle et la bête peut être. Ce qui est sûr, c’est que lui peut la toucher, et moi, non.
Souffrance.
Cet amour me suicide peu à peu tous les jours. Je le sais. Pourquoi poursuivre? Ah oui, je suis un de ceux qu’on appelle « grand romantique », ou bien encore mais surtout, un con.
Elle, c’est qui? Simplement une cliente qui passe souvent au magasin.
Moi, je suis qui? Un con, je l’ai déjà dit. Un con qui sert une cliente d’une beauté rarissime. Et sa voix… elle ne parle pas, elle chante. Peut être qu’un jour je l’inviterai prendre un verre avec moi, mais pour cela faudrait déjà que je sois moins coincé.
Refus.
C’est pas demain que j’irai au café d’en face avec elle. Sous prétexte que son compagnon est trop jaloux, elle ne souhaite pas venir avec moi après le travail. Quelle plaie ce type! Tan pis, demain je retente ma chance; cette fois-ci je l’appellerai chez elle.
Une voix d’homme, je raccroche.
Deux semaines.
Ça fait deux semaines qu’elle n’est pas venue au magasin. Pourtant je lui ai enfin trouvé le livre qu’elle désirait tant, elle doit le savoir le patron lui a téléphoné! C’est sûrement de sa faute à LUI, il déteste lire. A chaque fois qu’ils passent ensemble ici, il fait la tête et regarde avec dédains les étagères emplis d’œuvres qu’il ne comprendra jamais.
Elle est là, qu’elle est belle. Elle s’excuse de ne pas être passée plus tôt, selon ses dires son boulot lui prend beaucoup de temps en ce moment. J’ai plus l’impression que l’œil au beurre noir est la cause de ce retard.
C’est décidé, je vais le tuer.
Cent euros, c’est une affaire. Par contre je n’ai pas le droit à l’erreur, les munitions sont peu nombreuses. D’après ce type, ce Beretta a déjà tué, c’est un flingue fiable. Après ça, c’est sûr qu’elle vivra avec moi. J’ai un job intéressant, je suis plutôt pas mal... Bref, je vais enfin vivre heureux. Un nouveau monde m’attends, et c’est avec elle que je le traverserai.
Selon l’autopsie, le corps retrouvé près du canal hier soir aurait reçut quatre balles : Une dans l’abdomen, une dans la tête à bout portant, et chose troublante, une dans chaque main. Selon les enquêteurs, il s’agirait d’un règlement de compte. La police assure suivre toutes les pistes.
Nathalie V.
Je vais être papa! Après plus de deux ans de mariage, ma femme va enfin accouché d’une petite fille. Quel bonheur! Tout se passe à merveille depuis la mort de l’autre. Tout est nouveau : je suis marié, bientôt père, je dirige le magasin, j’ai acheté un magnifique corps de ferme… Je suis dans un autre monde. Oublié le patron qui me crie dessus pour un rien tous les jours, oublié la petite chambre pourrie au grenier d’un immeuble miteux, oublié les problèmes d’argent, oublié mon ancienne frustration sur ma femme actuelle… j’ai même maintenant une maîtresse de rêves! J’aime cette nouvelle vie!
J’ai une certaine réputation maintenant, les gens me considèrent comme quelque un de bien. C’est sûrement grâce à mon argent, et peut être aussi grâce à ma femme. Avec elle je fréquente désormais les milieux mondains, une sorte d’univers parallèle. Ça ne me déplait pas pour autant; c’est d’ailleurs dans ce nouvel environnement que j’ai rencontré ma maîtresse. Une avocate, rousse, une amante de rêves. Que c’est bon d’avoir de bonnes relations, on voit la vie sous un autre jour, tout est plus simple, plus fort. J’aime cette nouvelle vie.
On frappe à la porte.
Le temps de finir ma tasse de thé, je me lève et prend la direction de l’immense porte en chêne. Qui ça peut bien être? Serait-ce encore ce paysan qui veut me vendre un de ces poulets immangeables?
- Police, ouvrez la porte!