Te souviens-tu, Amour, comment je t’ai aimé
Avec entrain, avec folie, avec passion,
Où perdu dans tes bras je n’étais qu’évasion
Goûtant avidement tous tes brûlants baisers?
Exquise Déesse, tu m’as fait miroiter
Ce doux rêve éveillé écartant la Raison.
Hélas! déjà coulait dans mon cœur ce poison
Réveillant lentement mon esprit égaré.
Ô Espoirs! Mille fois je vous ai cru, Espoirs!
Vous couliez dans mes veines, Espoirs de lendemain,
Toujours cet espoir de te voir chaque matin.
Mais ces Espoirs sont morts et je suis seul ce soir.
Guide moi, Lune livide au sourire sournois,
Lueur nonchalante, maîtresse des ténèbres,
Compagne ultime dans cette marche funèbre
D’un jeune roi naïf, autrefois si narquois.
Ô Mort! Je suis prêt! Je m’incline devant toi!
Fais de moi ton esclave, fait de moi ton martyr
Car de ta main décharnée tu vas me cueillir
Moi le fruit, le fruit amer d’une vie d’effrois.
J’abandonne mon corps écorché dans la paille
Dont le putride parfum de chair faisandée
Fait sortir de son trou la vermine affamée.
Ô Canaille! Réjouis-toi de cette ripaille!
Car demain dès l’aube la rosée sur mes os
Aura lavée Remords, Amertume et Souffrances
Et je serai léger, et je serai silence
Pardonnant et la Vie, et tes sombres sanglots.