Les grands changements. 1er (et ultime) tour du tournois

A quelques pas de la plage de Deauville, dans un grand bureau situé à l’étage du casino, travaillait Alfred. Il était comptable, avait une calculette marron hérité de son père et aimait les fraises tagada. Quand parfois sur la côte le vent soufflait trop fort, il aimait venir au travail avec son pardessus beige et son foulard de soie couleur bordeau. Alfred, il portait la moustache : Soignée, grisonnante et d’une élégance rare. Il allait avoir quarante ans dans un an et pour lui la vie était simple.
Alfred, il aimait la nature. Il aimait flâner durant sa pause dans les jardins près du port, s’émerveillant chaque fois devant les roses au parfum délicat. Il aimait la mer, il aimait les mouettes, il aimait manger sur les quais quelques cacahouètes.
Alfred, il aimait.
Un jour, le casino fut braqué par deux malfrats célèbres, et la Direction prit quelques dispositions afin de se réorganiser. Alors le comptable fut obligé de prendre des vacances forcées. Mais Alfred, il détestait les vacances. Il détestait devoir rester toute la journée allonger sur un canapé. Il détestait le soir, il détestait manger des chips devant la télé, il détestait les disputes, il détestait sa femme.
Alfred, il détestait.
La routine, il commençait à ne plus la supporter. Lui qui aimait pourtant toujours faire les mêmes choses et cela tous les jours, trouvait que le quotidien des vacances était tout à fait impossible à vivre. Aussi prit-il une décision importante en avançant son réveil d’une heure. Tout changea. Le matin, il évita ainsi sa femme trop occuper à dormir. Il put déjeuner tranquillement en lisant le journal, sans entendre les remontrances de sa douce qui par son haleine fraîche comme un poisson au soleil, avait le don de lui couper l’appétit.
Un matin, alors qu’il était dans le jardin pour prendre son journal, il croisa Jacques, son voisin. Fort surpris de le voir de si bonne heure, Alfred lui proposa de déjeuner au café du coin. C’était un heureux hasard car Jacques n’avait pas encore mangé, de plus lui aussi avait avancé l’heure de son réveil. Il était également en vacances forcées et les deux hommes se racontèrent leurs soucis mutuels face à cet horrible temps perdu. Jacques était employé de banque, sa Direction avait prit quelques dispositions afin de se réorganiser après que leur établissement soit braqué par deux malfrats célèbres. Alors le banquier devait depuis trois semaines supporter sa femme. Cependant, Jacques arborait un sourire radieux. Alfred lui demanda quel était son secret et son ami lui expliqua en lui montrant un blason qu‘il portait sur sa chemise.

Trois jours plus tard, Alfred attendait dans une zone spéciale de l’aéroport de Deauville.

- Donc, ce tarif comprend la pension complète?
- Oui monsieur, de plus pour un supplément de 100 euros, nous vous fournissons aussi un alibi.
- Parfait mademoiselle, je pars tout de suite!
- Ravis de l’entendre monsieur, Adult’Air vous souhaite un excellent voyage.

Alfred était écarlate. L’idée même de quitter quelques temps sa maison était pour lui un moment intense, un grand changement. Une fois dans l’avion, il vit qu’il était seul. Il se dit qu’il était peut être en avance et que les autres passagers allaient arriver mais un bruit lourd et métallique vint troubler ses pensées. Ce qu’il vit le terrorisa. En effet un colosse en armure était là, une immense épée dans les mains. Il pointa son arme vers Alfred et dit :

- Alfred, tu as choisis d’être un homme, un vrai! Tu comptes changer, c’est bien mais il te faudra faire de grands sacrifices. Tu souhaites tromper ta femme? Tu es sur la bonne voie, vil garnement! Avec Adult’Air tu va atteindre le 7iem ciel, tu vas connaître les joies profondes du désir, tu vas pouvoir assouvir nombre de tes fantasmes les plus fous… mais avant de pouvoir t’envoyer en l’air, tu as une épreuve importante à réalisée.
Le chevalier reprit son souffle et posa son épée.
-Avant, j’étais bijoutier et j’étais comme toi : je devais supporter ma femme à la maison car vint un jour sombre où ma Direction prit la décision de… enfin bref, j‘étais très malheureux! Mais Adult’Air m’a sauvé et maintenant je suis leur mascotte car j’ai réussi toutes les épreuves! Je suis sans aucun doute le plus doué et ma cocue de femme n’en sait rien. Cette épreuve, je l’ai passé avec brio. J’ai conquis le cœur des demoiselles qui viendront ici même pour toi après mon départ. J’ai franchis les remparts de l’Amour, j’ai atteins le donjon puis enflammé l’âme de ces blondes, de ces brunes, de ces rousses. Au final j’ai bataillé ferme contre Cupidon et remporté le plus beau de mes combats.
- Euh… que me voulez vous? Demanda Alfred inquiet.
- Je veux que tu me ressemble. Je veux que tu sois beau, que tu sois fort. J’exige que ton charme terrasse la pudeur des femmes, il faut que tu manies aussi bien l’épée que moi. Je veux tu fasses de cet avion un immense champs de bataille comme je l’ai fait autrefois, que s’entrechoquent les corps dans d’épiques duels qui resteront dans les annales de la compagnies. Alfred, à toi de jouer!

Alors le chevalier en armure quitta en vacarme l’avion, laissant Alfred entre angoisses et excitation. Cinq minutes plus tard, trois jolies femmes firent leur entrée. L’avion décolla.
Une semaine passa, et Alfred croisa à nouveau Jacques dans son jardin. Les deux hommes décidèrent d’aller prendre un café ensemble afin d’échanger leurs expériences et le comptable montra fièrement son blason à son ami, signe que lui aussi faisait partit du groupe des pourfendeurs de cœur. Désormais Alfred était un homme changé, un homme qui aimait détester les vacances forcées, qui pouvait écouter sans broncher son immonde femme puisque chaque mois il prenait un vol d’Adult’Air, faisant escale tantôt dans les îles, tantôt dans les quartiers chaud d’Amsterdam.
Les changements, Alfred, il aimait.

WoW, sérieusement je ne pense pas faire le poids contre ça. Les jeux de mots, la pesanteur du quotidien au début, la répétition du "Il" dans "il aimait", "il détestait", qui donne un effet plus personnel. Vraiment un bon texte à mon avis. Je suis d'accord, la citation grandiloquente ne l'est peut-être pas tant que ça, mais c'est aisément compensé par la légèreté (et en même temps la lourdeur) du texte. Je vais poster le mien, mais à mon avis ça va être serré dans ma direction ...

Bravo pour ce texte donc!

Merci, et après relecture je le trouve assez bien en fait. Simple et léger. ^^

Pour la pesanteur du quotidien comme tu dis, c'était pas voulu! J'aime tes analyses car à chaque fois je trouve mes textes plus travailler, alors qu'en réalité je n'ai pas fais autant de "recherches"

Bon, y'a plus qu'à attendre, mais quoiqu'il en soit content d'avoir écris contre toi car tu m'as fait honneur!

Et autant pour toi! On fera un poème pour la revanche

Ca m'a fait plaisir d'écrire contre toi aussi, même si je regrette un peu qu'on soie de ce fait incapable de partager la suite des émotions du tournoi, puisque l'un des deux n'y participera plus...

Quant à l'analyse, c'est là tout l'intérêt justement. Dans une bonne analyse, on découvre ce que l'auteur a dans l'idée, que ce soit conscient chez lui ou pas. C'est pourquoi j'aime bien analyser mes propres textes aussi. Parfois, on y trouve quelque chose d'omniprésent, un thème, un ligne conductrice, et on se rend compte que ça colle parfaitement au texte (évidemment), mais qu'on l'a placée involontairement dans ce même texte. Ça permet de développer, d'aller chercher plus loin, etc...

C'est ce qui permet aussi de dévoiler des caractères insoupçonnés dans un texte, et qui du coup le rende bien meilleur que ce que l'on pensait à la première lecture. Ton texte, ici, se prête très bien à l'analyse. Le mien beaucoup moins... Il est donc plus en surface, et c'est un mauvais point selon moi; même si ça reste une narration.

L'analyse, moi, j'aime

=D

Je ne voit rien à ajouter, Niat a déjà eu mes commentaires en privé, texte léger et très original, mais bien tourné... Pas mal de fautes, mais ça, c'est l'âge

Oui c'est vraiment problématique, mais si t'as relu Lys tu verras que j'ai corrigé pas mal de fautes de conjugaison (enfin j'espère!) et que j'ai viré la blague moisie sur les roses pour en mettre une beaucoup plus fine (tellement fine qu'à mon avis personne ne la verra xD)

Ca doit être l'âge

il aimait les mouettes
il aimait manger quelques cacahouettes



Juste ca, j'adore !

Oui y'a ça aussi, on va dire que j'ai ma chance avec ces rimes contre le sonnet de LoO

Mais c'est de ça que je parlais : "les roses au parfum délicat" => Nous sommes sur le port, ça sent le poisson et tout les trucs qui vont avec, donc le parfum "délicat" des roses est un peu tué... Mais comme dis c'est loin d'être évident et on peut lire ça sans y faire attention ^^

Haha la remarque de Lys a fait germer un nouvel élément d'analyse dans mon esprit...

Les cacahuètes, c'est pour les singes! Quand on parle de travail de singe, on parle de la répétition constante d'un acte. Ceci semble bien se prêter au personnage. Non?

Et j'avoue que pour les roses, je l'avais complètement zappé...

En effet cela lui convient parfaitement. Encore un élément ajouté inconsciemment alors, mais c'était plus pour la rime et le côté ridicule.